Callahan Nahele Campbell ~ Si tu blesses une panthère, il vaut mieux que tu la tues ; sinon, dès qu'elle aura soigné sa blessure, elle te tuera !

Je pourrai vous dire que ma vie est des plus simples, que j'ai grandi heureux aux côtés de mes parents, que je suis un humain tout ce qu'il y a de plus banal et que ma vie est ordinaire.

Mais ce ne serait que mensonges. Je suis né sur la petite île d'Hawaï d'une mère issue du pays et d'un père canadien. Je suis donc americano-canadien pour peu que cela signifie quelque chose car pour les gens de l'île où je suis né, seul Hawaï compte réellement.

J'y ai vécu les premières années de ma vie avant que nous partions à mes cinq ans vivre au Canada et plus précisément du côté de Montréal où nous avons rejoint la meute d'origine de mon père. Mes parents étaient tous deux des betas et leur intégration se passa sans anicroche. Moi je ne pouvais alors pas encore changer.

Tout de suite je me suis entendu avec le fils de l'alpha qui est rapidement devenu mon meilleur ami. De mes premières années, je ne me souviens plus guère, comme la plupart des enfants. Ce que je sais aujourd'hui, c'est ce que l'on m'a raconté et c'est sans doute pour cela que pendant très longtemps, j'ai pensé que mon meilleur ami était mon frère et que l'alpha était mon père. Je n'ai en effet pas continué ma vie avec mes parents. Environ six ou sept mois après notre arrivée au Canada, ils ont été tué par des chasseurs, des humains spécialisés dans l'extermination des garous. L'alpha m'avait alors recueilli et j'ai grandi comme son fils des années durant en ignorant tout de la vérité. Était-ce par facilité ou simplement pour ne pas me faire de mal ? Je ne sais même pas si j'ai envie de leur en tenir rigueur car j'ai été heureux enfant, profondément heureux.

Lorsqu'à douze ans, j'ai pris pour la première fois les traits d'une panthère, une panthère noire, j'étais le seul parmi les miens, mon meilleur ami, mon frère, lui avait un pelage fauve, mais cela n'avait aucune importance. J'étais avec ma famille, je me sentais bien et j'étais parfaitement accepté. J'étais alors encore persuadé d'être le fils de l'homme qui m'avait élevé et personne ne me détrompa.

Les années passant, nos caractères et nos caractéristiques s'affirmaient. J'avais le caractère d'un alpha... mon frère d'un beta. Même si mon frère avait un an de plus, les choses auraient dû être on ne peut plus simple, seulement alors que celui que j'appelais mon père vieillissait, les langues se délièrent. J'étais une pièce rapportée, j'étais le fils de deux bêtas, je ne pouvais être un alpha, je ne pouvais être leur alpha.

J'eus l'impression que mon monde s'effondrait et je suis juste... parti. J'ai été quelques temps vivre en solitaire aux Etats-Unis. Je n'avais pas une idée de ville où m'établir en particulier et je me suis mis à voyager. Je n'avais ni attache, ni famille en ce temps-là et j'ai juste sillonné les Etats-Unis de longs en large et puis au bout de trois ans, j'en ai eu marre de fuir, je voulais des réponses et c'est ainsi que je suis rentré. J'avais alors vingt ans.

Dire que les choses auraient changées en mon absence serait mensonge mais après ces trois ans loin des miens, j'étais heureux de rentrer et surtout de retrouver ceux que j'appelais mon frère et mon père. Finalement peu importait les mensonges et les non-dits, ils étaient ma famille. Je ne dirai pas que mon retour fut facile, ni que tout se passa à merveille, mais j'avais beaucoup appris, et ils m'avaient terriblement manqués. J'ai appris que pour mon frère aussi mon départ avait été plus que difficile et qu'il avait appris les choses en même temps que moi. J'ai aussi appris que jamais il ne voulait avoir à devenir alpha. Qu'il sentait que là n'était pas sa place. Mais pour tout cela, nous avions le temps et je suis resté.

Sept années, ce fut le temps que je passais à leurs côtés sans que notre bonheur ne fut troublé. C'est le temps qu'il me fallut pour devenir docteur vétérinaire. Malheureusement notre meute subit une attaque de plein fouet par des humains chasseurs. Notre alpha perdit la vie ainsi que quatre d'entre nous. Je me battis aux côtés des miens une nuit et un jour durant et nous finîmes par les mettre en fuite pour certains, tuant la majorité, mais la peine et la rage ne s'éteignirent pas. Après un combat interne, je pris bien malgré moi la tête de notre meute et en tant qu'Alpha je nous fis quitter le pays pour nous rendre aux Etats-Unis.

Nous vécûmes quatre ans dans le Wyoming, trois ans dans le Montana et cela fait maintenant trois ans que notre meute, la Meute du Niagara, s'est établie dans l'état de Washington et plus particulièrement dans la ville de Seattle.